Acier et architecture

Trois facteurs principaux sont à l’origine de l’architecture des Antilles :
la tradition, les matériaux disponibles et le climat.

Concernant la tradition, de nombreux styles coexistent, puisque l’on retrouve des influences d’origine danoise, hollandaise, anglaise, française, sans oublier l’apport de l’Afrique. Les matériaux sont aussi de nature et d’origines diverses : le bois, local et importé, les roseaux, les bambous, la terre, la glaise, la pierre, volcanique ou corallienne, etc … ont été utilisés au fil des siècles aux Antilles.
C’est enfin l’acier qui fait son apparition dans l’architecture des Antilles, mais plus tard (au 18e siècle).

L’utilisation de ces différents matériaux est fortement reliée à l’usage des constructions auxquelles ils étaient destinés : locaux domestiques, structures commerciales, ensembles industriels, ouvrages militaires ou bâtiments publics ne faisaient pas appel aux mêmes matériaux. Quant aux conditions climatiques, les cyclones, mais également les tremblements de terre, ont joué un rôle considérable dans l’évolution de l’architecture antillaise, donnant davantage d’importance au matériau acier.

1- Les Habitations domestiques

Des vérandas bordées de fer forgé finement sculpté

Le style guadeloupéen : L’habitation ZEVALOS, contruction de référence.

L’habitation ZEVALOS, de par son amalgame de matériaux, représente un style distinctif typique des constructions guadeloupéennes. Le corps du bâtiment est fait de briques,et l’ensemble des portes-fenêtres disposent de jalousies.

Le trait dominant de ce style guadeloupéen réside sans conteste dans les vérandas ombragées qui font le tour du bâtiment et qui sont bordées de fer forgé finement sculpté.

L’influence de l’architecture française sur les îles voisines.

Certaines îles autres que françaises telle que la Grenade ou la Dominique ont pourtant connu sur le plan architectural une certaine influence tricolore. C’est le cas à Roseau, la capitale de la Dominique, où de nombreuses maisons portent l’empreinte du style français, avec notamment des balcons en fer forgé de toute beauté.

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© ordesiles.com

2 – L’architecture industrielle

Initiée par les cinque grands secteurs de l’époque

Elle est issue du développement à grande échelle de 5 types d’activités qui ont marqué le développement des Antilles : la fabrication du sucre, la préparation du café, la production de l’indigo, la cuisson de la chaux et le pompage des eaux. C’est bien sûr la production sucrière qui a généré le plus grand nombre de bâtiments.

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3 – L’architecture militaire et navale

Canons, obusiers, caronades et mortiers

L’histoire des antilles est indissociable de l’histoire de l’architecture militaire. Dès les premiers jours de la colonisation sont érigées des tours de pierre. Avec le temps, l’évolution des forts s’est faite selon deux orientations : extension et dissimulation. Le Fort St Charles de Basse Terre en est un bon exemple puisqu’il occupe, avec son réseau de zones de feu entrecroisées, tout le flan d’un morne.

Ce n’est que vers la fin du 19e siècle que les constructions militaires utilisèrent un nouveau procédé – le béton armé – afin d’obtenir des édifices à la solidité incomparable.

Il est un autre domaine où le fer joua aux Antilles un rôle capital : celui de l’artillerie. Particulièrement abondante aux Antilles, l’artillerie se répartissait en 4 catégories : les canons, les obusiers, les caronades et les mortiers, chacun étant destiné à une distance et une précision particulière. Toutes ces pièces, dont certaines ont résisté au temps, étaient métalliques.
L’architecture militaire serait incomplète sans les hôpitaux. De fait, la plupart des garnisons des antilles étaient dotées d’hôpitaux, dont la structure était généralement faite de pierres de taille.Il existe cependant de nombreux ouvrages composés d’une structure métallique.

Le plus remarquable d’entre tous date de 1820 : il est constitué essentiellement d’une structure métallique préfabriquée (poutrelles, colonnes,….). Ce bâtiment – l’hôpital de Port Royal en Jamaïque – est toujours debout, bien qu’ayant subi plusieurs secousses sismiques, dont une grave au cours de son existence.
C’est là un remarquable exemple d’utilisation du matériau métallique aux Antilles à une date très ancienne. L’ancien hôpital militaire de Fort-de-France à la Martinique est également fameux avec toute une structure faite de métal et de solides piliers en fonte.

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4 – Autres constructions

Le fer, une réponse à la menace des séismes

L’utilisation du fer s’est rapidement développée en réponse aux menaces répétées des séismes. C’est le cas pour les églises, dont certaines ont fait un usage considérable de fer, comme la cathédrale de Fort de France construite à la fin du 19e siècle. Certaines constructions en fer que l’on trouve aux Antilles ont une dimension historique.

C’est le cas de l' »Iron Bridge », qui se trouve à Spanish Town en Jamaïque. Il s’agit là d’un monument dont l’importance est considérable pour l’histoire de l’architecture industrielle. Fabriqué à Rotherham (Yorkshire) par Walker’s, ce pont fût installé en 1801.

 
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C’était l’époque pionnière de la construction des ponts de fer, et ce pont constitue le pont de fer le plus ancien de l’hémisphère occidental.

En matière d’innovation et d’exploit technique, il existe un autre édifice à l’histoire incroyable : le phare de Morant Point en Jamaïque.
Construit en Angleterre en 1841, il est constitué d’un tube en fonte de plus de 30 mètres de long, d’environ 6 mètres de diamètre à la base et de 2,50 de diamètre au sommet. Ce tube, d’un poids total de 100 tonnes, fût encastré sur une base de granit, puis rempli au quart de sa hauteur par plus de 300 tonnes de gravats et de béton.

5 – L’acier dans l’architecture guadeloupéenne

Ponts, constructions portuaires, bâtiments publiques ou privés, bateaux

Comme dans certaines îles anglaises, l’utilisation de l’acier en Guadeloupe remonte au début du 19e siècle. Dans l’habitat traditionnel, la Guadeloupe a même apporté un style qui lui est propre, dont l’habitation ZEVALOS fait figure d’emblême. Le travail du fer, notamment le fer forgé, s’est perpétué au fil des années et de nombreuses habitations aujourd’hui portent l’empreinte de réalisations somptueuses en fer. L’acier, dans son rôle protecteur, a aussi connu de nombreuses utilisations en Guadeloupe. Protection militaire tout d’abord : les vestiges de canons, comme au Moule, sont là pour le rappeler. En matière de protection plus courante, les grilles de la préfecture de Basse-Terre, installées depuis près d’un siècle, donnent un bon exemple de la longévité de l’acier dans le temps.Mais c’est peut-être dans son rôle de matériau de développement économique que l’acier a davantage conquis ses lettres de noblesse : ponts, constructions portuaires, bâtiments publiques ou privés, bateaux,… Nombreux sont les exemples de l’utilisation de l’acier en Guadeloupe, le plus significatif aujourd’hui étant peut-être Jarry, poumon économique de l’île, dont la totalité des bâtiments sont constitués de charpentes métalliques.

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